Tuesday, January 30, 2007

Les transports publics au Laos: La recette

Mardi 23, nous nous levons aux aurores pour nous rendre à la stations de bus, pressés de poursuivre notre voyage (direction Luang Nam Tha, au nord du Laos).

Notre bus est prévu pour 9h, nous sommes largement dans les temps. Malheureusement, le bus est déjà plein à craquer de locaux et de quelques touristes qui, apparemment, savaient qu'il fallait venir très tôt. Cris et moi ainsi que quelques touristes français regardons, dépités, le bus partir sans nous... L'espoir renait quand un local s'en va chercher un autre bus parqué un peu plus loin. Nous pensons qu'un second bus exceptionnel va être affraité pour satisfaire la demande (d'autres touristes étant encore arrivés entre temps).

Nous nous empressons de monter dans le bus pour réserver les meilleures places (que nous croyons naïvement être à l'arrière, voir le Post sur le voyage en bus en Thailande). C'est à cet instant qu'un local nous lance, amusé: le bus part à midi... Philosophe, nous nous faisons une raison et un brin de causette avec nos compagnons d'infortune.

Et voici à présent en primeur la recette du "public bus" au Laos. Attention, cette recette n'est pas pour les débutants:


Ingrédients:
- Un vieux bus rafistolé des années septante d'une vingtaine de places, avec des siège dont la largeur fait environ celle d'un de mes bras.
- Un mélange d'une vingtaine de locaux: femmes, enfants, vieillards, paysans, bref un beau panachage. Choisissez de préférence des individus ayant le mal du voyage (la raison sera donnée dans la section Préparation), et sentant bon les animaux de la ferme, pour ajouter du fumet.
- 6 touristes avec leurs sacs.
- Un cochon (vivant!) emballé dans un sac de jute.
- Quelques poules, vivantes également.
- De nombreux sacs de denrées alimentaires (du riz fera très bien l'affaire)
- Une route défoncée, dont 75% est encore en construction. A noter que les portions en construction doivent être constituées de terre rouge et sèche d'une épaisseur d'environ 10 centimètres.
- Une chaleur étouffante.
- Une distance de 150 Kilomètres. Cette distance devrait suffire pour assurer un voyage de 7 heures.
- De nombreux stops en cours de route.
- Quelques montées raides dans la portion de route en terre rouge. Voire préparation.

Préparation:
- Emballer le cochon dans un vieux sac de jute, en laissant dépasser le groin pour maximiser les chances de survie de l'animal jusqu'à destination.
- Accrocher le cochon ainsi emballé à l'arrière du bus (à l'exérieur), juste devant la vitre arrière afin que les touristes puissent, de temps en temps, s'assurer de la bonne santé de l'animal. Il n'est pas nécessaire de l'arrimer solidement, le cochon peut survivre aux chocs contre la vitre arrière dus aux trous dans la route.
- Placer les poules sur le toit, avec les denrées alimentaires et les sacs des touristes.
- Placer les 20 locaux + 6 touristes en même temps dans le bus à 20 places et pousser bien pour que tout le monde ait un siège. Si d'aventure il manque des sièges, faites assoir les locaux sur les mêmes sièges que les touristes.
- Prendre soin de placer un enfant local ayant le mal du voyage sur les sièges à l'arrière, à côté des touristes Cris et Phil. Voir explication plus loin.
- Commencer le trajet à une vitesse d'environ 20 kilomètres-heure, car les essieux ne supporteraient pas plus vu l'état de la route et la charge du bus.
- S'arrêter souvent pour prendre des locaux supplémentaires. Plus le bus est chargé, mieux c'est.
- Sur les portions de route non terminée en terre rouge, prendre de la vitesse. Ceci permettra une bonne pénétration de la terre rouge à l'intérieur du bus. Lorsque les passagers commenceront à être incommodés par la terre, ils fermeront les fenêtre. Ce n'est pas grave, la poussière continuera de rentrer par le bas et surtout l'arrière du bus (position des touristes Cris et Phil). Lorsque les touristes ne distingueront plus leurs voisins de gauche et droite à cause de la terre, ils commenceront à tousser et se couvriront le visage avec leurs vêtements. A ce moment, se dépêcher de retourner sur une portion de route pour évider le décès prématuré par étouffement des passagers.
- Bien sur, ne pas oublier de temps en temps de faire vomir un local, de préférence sur le passager d'à côté, ou sinon sur le siège cela va aussi. Essuyer sommairement le vomi avec un morceau de vêtement.

- Continuer le tout pendant 7 heures. Il n'y a pas besoin de surveiller, juste faire descendre les passagers pour les montées raides sur les portions de terre rouge.
-Et voilà, c'est prêt!

Après ce trajet mémorable, nous arrivons enfin à Luang Nam Tha vers 20h. Les français nous ont dit dans le bus que le trajet vers Muang Sing (notre destination finale, nous souhaiton faire un trek depuis là-bas) dure 1h30. De concert, nous décidons que nous n'en avons pas encore assez de rouler et surtout que nous ne voulons plus perdre de temps, et réquisitionnons un Tuk-Tuk (pour ceux qui ne connaissent pas, une sorte de petit voiture ouverte avec 2 rangées de places à l'arrière), pour 30 dollars pour 6 personnes (nous réaliserons plus tard que nous aurions pu la louer pour 10, mais bon), et en avant pour Muang Sing, dans la bonne humeur! Après tout, ce voyage en Tuk-Tuk semble une partie de plaisir après la recette du bus... En plus, la route semble en bien meilleur état par ici.

Nous regardons donc, émus, le paysage Laotien avec ses petits villages primitifs bordant la route. Le nord est encore très peu développé et le dépaysement est vraiment total.

Soudain, alors que nous roulons au beau milieu de nulle part, quelques toussotements du moteur, et le Tuk-Tuk s'arrête. Nous descendons pour nous dégourdir les jambes, persuadés que le chauffeur, qui ne se départit pas de son sourir et nous rassure en Laotien, va rapidement faire redémarrer la machine. Il est environ 21h30 et il fait nuit noire. Des deux côtés de la route, la forêt et des bruits peu rassurants. Quelques motos passent de temps en temps sans se préoccuper de nous. Cela doit être habituel les pannes de Tuk-Tuk. Malgré le froid (environ 15 degrés la nuit), les moustiques sont bien présents à l'appel et les piqures ne se font pas attendre. Heureusement qu'on a lu dans le guide qu'il fallait éviter de se faire piquer au Laos à cause des maladies ;-). Après quelques dizaines de minutes d'essais infructueux, le chauffer décide de sucer l'arrivée d'essence avec la bouche, ce qui à l'aire de fonctionner puisque la machine redémarre. Nous nous félicitons tous d'avoir un chauffeur aussi doué en mécanique, jusqu'à la prochain panne quelques kilomètres plus loin ou nous le traitons de tous les noms. A ce moment, on suggère au dit chauffeur d'appeler du secours ou d'arrêter les rares véhicules qui circulent à cette heure. Celui-ci s'acharne cependant à réparer la panne, redoutant sans doute qu'on ne le dépossède de ses 30 dollars.

Nous décidons donc d'arrêter les véhicules par nous même, grâce à la lampe frontale de Cris (merci les collègues d'Unicible!). Après quelques essais infructueux, 3 gros camions de nourriture s'arrêtent sur le bord de la route. Après moult palabres entre le chauffeur du Tuk-Tuk (qui refuse obstinément de nous laisser partir) et les chauffeurs des camions, nous finissons par embarquer sur ces derniers, destination Muang Sing. 2 heures plus tards, nous arrivons enfin à destination. Nous trouvons difficilement une chambre sans eau chaude dans un Guest House et devons nous contenter d'un paquet de biscuit comme tout repas, les restaurants fermant à 22h au Laos...

Rude journée! Et vive les transports publics au Laos! Mais on a bien rigolé quand même.

5 comments:

Ecole à la maison d'Alois said...

Salut les Vomitos!!

Ca l'air sympa les bus au Laos. Encore pire que ce qu'on a eu en Malaisie, c'est fou!!
Il faut qu'Odile lise ce blog, elle rigolait quand j'avais proposé une lampe frontale :0)
A plus

Marco said...

Ca fait plaisir de voir que ça sert dès le début du voyage tout nos petits cadeaux ... et oui Odile, ça sert comme tu peux voir ;-)

Deni said...

Hihihi! Ca nous a bien fait rigoler votre petite aventure dans les transports publics Laos :D

Deni said...

Cris, quelle est la première chose qui te viens à l'esprit en voyant de la terre rouge??? Petit indice : youhou......;)

Cris said...

Circo Locco?! Eivissa!!! :-)