Tuesday, January 30, 2007

Le trek de Muang Sing

Nous sommes donc à Muang Sing, un haut-lieu du trekking au nord du Laos. D'après notre guide de voyage, c'est le meilleur endroit pour effectuer un trekking dans toute l'asie du Sud-Est. Nous espérons que cela sera le cas, car à part cela, le village n'est pas très excitant, une succession de Guest Houses peu accueillantes le long d'une route goudronnée.


Nous nous rendons donc dans l'office gouvernemental qui est le seul habilité à organiser des treks. Cet office propose de nombreux treks à faible impact dans les colines environnantes, avec visites des villages des tribus locales. Ceci contraste, toujours d'après notre guide de voyage, avec la situation d'il y a quelques années en arrière, ou n'importe qui pouvait organiser des treks de manière anarchique, avec consommation d'opium et tutti quanti.

Nous nous décidons pour un trek de 3 jours (le plus long), en commun avec 4 autres touristes (2 israéliens provenant d'un Kibutz, un anglais et sa femme sud-coréenne.

Départ pour le trek le jeudi 25 à l'aube. Programme:

- 5-6 heures de mache par jour
- Jour 1: montée au sommet de la première colline, visite de villages d'ethnies Hmong et Akha. Hébergement dans un village Akha au sommet de la première colline.
- Jour 2: marche le long de la crête pour atteindre la colline la plus élevée, avec vue sur la Chine et la Birmanie. Hébergement dans un second village Akha.
- Jour 3: descente sur Muang Sing.

Le trek se présente sous les meilleures auspices. Les 2 guides (un guide anglophone et un guide de l'ethnie Akha) sont sympathiques et semblent bien déconneurs, ce qui n'est pas pour nous déplaire.


Arrivée dans le premier village, de l'ethnie Hmong. Les villages Hmongs, par opposition aux Akhas, sont toujours relativement proches des villes. Les guides nous racontent une légende fondatrice des Hmongs qui explique ceci. En gros, un chasseur Laotien rencontra un jour une très belle fille Hmong lors d'une de ses promenades en forêt, ils se marièrent et s'établirent en ville. Au bout de quelques années, la fille s'ennuyait trop des siens et est retournée dans son village dans les montagnes. Pour éviter ce genre de mésaventures, les Hmongs se sont depuis établis près des villes.

Mais revenons en au village Hmong. Nous arrivons en pleins préparatifs d'une cérémonie de mariage Hmong. La fête se déroule sur plusieurs jours, avec sacrifice quotidien d'un cochon, et le dernier jour, le bouquet final, sacrifice d'un buffle.

Les guides nous expliquent que les Hmongs ont 2 à 5 femmes, qui habitent toutes sous le même toit. Les soirées ne doivent pas être tristes dans les cahutes! Le village est relativement primitif, les cochons et les poules s'ébatent en liberté au milieu des villageois. La proximité des villes et de la Chine procure néanmoins quelques avancées, comme l'élécricité par panneaux solaires.

Les guides nous racontent une seconde légende fondatrice des Hmongs: Un Hmong épousa une fille de la ville, qui vint habiter dans le village. A l'époque, les maisons étaient baties sur pilotis, comme celles des Akhas. La femme se cassa une jambe en descendant l'échelle menant à la hutte. Depuis ce jour, les Hmongs ne construisent plus leur maison sur pilotis. Eh oui, c'est aussi simple que cela. Une jambe cassée? Qu'à cela ne tienne, au lieu de faire attention ou on met les pieds, on supprime les pilotis ;-). Vu le nombre de décès par accident de la route chez nous, il faudrait peut-être voir à supprimer les voitures non?

Trève de digressions, et place à la première déception: Phil a bien mis la batterie de l'appareil photo à charger le soir d'avant, mais il a comme de bien entendu oublié de la remettre dans l'appareil le matin. Résultat des courses: pas de photos! Il faudra vous contenter du texte, en attendant que notre amie de trek Sud-Coréenne nous envoie ses photos à elle comme elle nous a promis de le faire.

Bref, nous continuons notre chemin pour atteindre le sommet de la première colline. Les paysages sont superbes, avec des risières et une végétation déjà dense même si nous ne sommes pas encore vraiment en forêt. La température est agréable, le soleil étant masqué par une fine couche de nuages. Nous arrivons vers midi dans le premier village Akha.

Le premier village Akha contraste déjà nettement avec celui de l'ethnie Hmong. Ici, pas d'électricité, encore moins d'eau courante. Les cabanes sont sur piloti et les enfants se rassemblent joyeusement autour de nous en nous dévisagent avec insistance, comme si ils voyaient des touristes pour la première fois, alors que c'est leur lôt quasi-quotidien. Les guides nous racontent des choses passionantes sur leur mode de vie. En voici deux exemples:

- Il ne faut jamais traverser un village Akha sans s'arrêter. C'est très impoli. Il n'y a aucun problème à venir au village, mais il faut prendre le temps de faire une pause de quelques minutes, échanger quelques mots avec les villageois, éventuellement accepter de boire un verre dans la cabane du chef, ensuite de quoi on peut reprendre sa route.

- Les villages Akhas sont gardés par deux portes, appelées porte des esprits. Ces portes sont des grands édifices faits de troncs d'arbres croisées, ornés de dessins et d'écritures. Les portes sont disposée à l'entrée de la forêt à la limite du village. les esprits de la forêt utilisent ces 2 portes respectivement pour entrer et sortir du village. Il est interdit pour quiconque de toucher un de ces portes, sous peine d'une forte amende (qui se chiffrent en cochons et poulets), et éventuellement d'une petite malédiction des esprits, qui sait.. Les maladies que contractent les villageois sont imputées à ces esprits de la forêt qui entrent et sortent du village. Si un villageois est malade, on lui applique tout d'abord des herbes médicinales pour lutter contre la maladie. Si cela ne fonctionne pas, on fait appel au "Spirit Doctor", une sorte de shaman qui va lutter contre les esprits qui ont apporté la maladie à l'aide d'offrandes (cochons, poules, etc..). Et si vraiment cela ne fonctionne pas, alors on se résoud à aller à l'hôpital à Muang Sing. Eh oui, on a beau dire, esprit ou pas esprit, l'hôpital ça a parfois du bon!

Ce qui nous frappe également dans ce village est que des toutes petites filles (6-7 ans), se promènent avec de très petits bébés sur leur dos, simplement tenus par une écharpe. On se demande comment elles font pour supporter cette charge en permanence. Les guides nous expliquent qu'en moyennent, une famille Akha est composée de huit enfants.

La touriste sud-coréenne décide de venir en aide à un garçon d'une dizaine d'années qui a une méchante coupure sous le pied. Apparemment, la coupure est déjà en train de s'infecter, et marcher à pieds nus dans la terre et les détritus n'arrange pas les choses. Comble de l'ironie, aucun des 6 touristes n'a prévu de prendre des crèmes antibiotiques ou désinfectantes. Nous avons seulement une trousse de soins avec des sparadraps et des bandes. La sud-coréenne lave la blessure avec de l'eau, applique le bandage sur le pied du garçon et passe une chaussette par dessus. On essaye de sensibiliser les parents sur la gravité de la blessure, mais ceux-ci ne semblent pas trop préoccupés du sort de leur rejeton, et ils écoutent poliment les recommandations de se rendre au centre de soins à une demi-journée de marche. On doute qu'ils le fassent. Difficile d'accepter que la valeur d'une vie humaine n'est ici pas la même que chez nous. D'un autre côté, est-ce vraiment une bonne chose de tenter de modifier un mode de vie qui se perpétue depuis des centaines d'années? Nous nous résignons donc et nous disons que le moins on intervient de quelque manière que ce soit, le mieux cela sera pour ces populations (après tout, ils n'ont rien demandé). Et de toute façon, on se sent déjà un peu mal à l'aise de venir les observer comme des animaux au zoo.

Nous quittons le village et commençons l'ascencion de la colline. La marche est rapide et ce n'est pas pour nous déplaire, enfin un petit entrainement! Nous arrivons au sommet vers 17h, dans une second village Akha encore plus primitif que le précédent. Une chose nous frappe de suite, c'est les yeux des enfants, qui dans presque un cas sur deux sont gonflés et à demi fermés. Un enfant a déjà perdu un oeil à cause de cette infection. On se rende compte d'emblée que l'hygiène et les médicaments font cruellement défaut ici. Les guides préparent le repas dans la hutte qui nous est attribuée, et nous mangeons de délicieux plats laotiens, préparés dans des conditions d'hygiène douteuses, mais on passe outre et on tourne ce jour là définitivement la page du soucis d'hygiène alimentaire.

Après le repas, les locaux viennent tout à tour dans la hutte, et la traditonnelle tournée de Lao-Lao, le whisky de riz fait au village, commence. L'alcool comme moyen de socialisation est décidemment universel! Le villageois qui invite boit toujours le premier. Cette habitude garantit que le breuvage n'a pas été empoisonné. Il tend ensuite le verre à chaque convive assis en cercle. Le rythme est assez soutenu. Après quelques tournées, les attitudes un peu coincées du départ s'estompent et l'ambiance se fait chaleureuse. Les guides s'entretiennent de manière très animée avec les villageois et nous observons la scène amusés. De temps à autre, les guides nous racontent des anecdotes de plus en plus croustillantes l'alcool aidant. Nous en apprenons un peu plus sur les dessous de la vie amoureuse des Akhas. Gare aux âmes sensibles: en gros, les filles sont "majeures" à environ 12 ans et se marient vers 14. Les premières relations se font dans des huttes qui sont construites entre les villages. Auparavant, la première relation était avec le chef du village mais cette tradition a disparu. Les filles ne se marient jamais avec leur premier amant. Curieusement, elles n'ont pas d'enfant avec ce dernier, même si les moyens contraceptifs n'existent pas. Les guides se perdent en conjectures pour trouver une explication à celà. Nous n'en saurons pas plus. Au cours de la soirée, un jeune homme d'environ 16 ans fait irruption avec deux jeunes filles du même âge (voire moins), maquillées et sur leur 31 (enfin le 31 Akha n'est pas le 31 de chez nous). Il s'avère qu'il est une espèce de proxenète, et que les filles travaillent pour lui. Apparemment, elles proposent des massages tout ce qu'il y a de plus correct mais des discussions ultérieures démontreront qu'il peut y avoir plus si affinité. Bref, le sentiment de malaise est général, en particulier bien sur en ce qui concerne l'âge des filles. Pour faire bonne figure, Le couple Sud-Coréen accepte un massage, qui se déroule dans la même pièce et dans l'hilarité générale. Apparemment, la technique de massage Akha n'est pas très au point!

Finalement, le Lao Lao aura raison de l'assemblée, et après un petit tour à la lampe frontale dans la forêt avoisinante pour soulager un besoin pressant, nous nous couchons dans notre cahute.

La nuit sera de courte durée, les nombreux coqs nous réveillant vers 5h30 du matin, sans compter les grognements des cochons sous la cabane et les aboyements des chiens. Ah oui, j'oubliais: il y a aussi les engins en bois servant à piler le riz et qui résonnent lourdement sous les pressions des pieds des villageoises.

Nous nous remettons en route pour longer la ligne de crête. Après 5 heures de marche dans des paysages somptueux et très variés, allant de zones rocailleuses à une dense forêt, nous arrivons au sommet de la plus haute colline. Comme promis, le paysage est superbe de là-haut, avec comme promis vue sur la Chine et la Birmanie.

Le soir, nous arrivons dans un second village Akha très semblable au précédent, sauf qu'il y a ici des pompes avec de l'eau provenant d'un puit. Nous pensons que nous aurons enfin l'opportunité de nous laver, même sommairement. En fait, la douche est très sollicitée par les locaux, et nous nous gênons un peu de nous laver en plein milieux du village (la douche est complètement ouverte!). Finalement, nous décidons que nous somme très bien tout sales.

Les guides nous avaient prévenu le matin qu'il n'y aurait sans doute pas de viande au menu de la journée. Heureusement, les villageois nous sauvent la mise en nous vendant une poule vivante, certes pas bien dodue. Un des guide se dévoue de bon coeur pour sacrifier l'animal au beau milieu de notre cabanne. Le volatile est coriace, et même après avoir été égorgé, vidé de son sang et ébouillanté, il continue de s'agiter. Finalement, il se rend et nous le dégustons avec délectation, accompagnée de Chilli, d'herbes, de riz et autres spécialités locales. Quelques Lao-Lao plus tards, nos deux guides décident que cette fois-ci, c'est eux qui ont le droit au massage. Ils s'exécutent donc et nous laissent, pauvres touristes, avec notre bouteille de Lao-Lao à moitié pleine, obligés de faire le service nous-même. Les 2 israéliens nous parlent de leur vie au Kiboutz tout en mangeant des biscuits écrasés (car transportés dans les sacs des guides) à la cuillère, pendant que le couple anglo-sud-coréen se dispute, la sud-coréenne supportant mal que les guides nous abandonnent et se fassent masser pas des adolescentes. Des grands moments de Trekking!

Le lendemain, nous descendons sur Muang Sing. La météo n'est pas très clémente et la pluie se fait de plus en plus drue au fil de la matinée. Les pieds commencent à faire mal, il fait froid et nous nous réjouissons de retourner à la civilisation. L'arrivée dans le village de Muang Sing, qui n'est pourtant pas un modèle de modernité, nous paraitra le summum du luxe. 3 jours sont suffisants pour oublier le confort moderne!

Au final, aucun regret pour ce Trekking qui nous laissera pleins de souvenirs intenses. Par contre, on va certainement laisser un petit temps de repos avant le prochain!

Les transports publics au Laos: La recette

Mardi 23, nous nous levons aux aurores pour nous rendre à la stations de bus, pressés de poursuivre notre voyage (direction Luang Nam Tha, au nord du Laos).

Notre bus est prévu pour 9h, nous sommes largement dans les temps. Malheureusement, le bus est déjà plein à craquer de locaux et de quelques touristes qui, apparemment, savaient qu'il fallait venir très tôt. Cris et moi ainsi que quelques touristes français regardons, dépités, le bus partir sans nous... L'espoir renait quand un local s'en va chercher un autre bus parqué un peu plus loin. Nous pensons qu'un second bus exceptionnel va être affraité pour satisfaire la demande (d'autres touristes étant encore arrivés entre temps).

Nous nous empressons de monter dans le bus pour réserver les meilleures places (que nous croyons naïvement être à l'arrière, voir le Post sur le voyage en bus en Thailande). C'est à cet instant qu'un local nous lance, amusé: le bus part à midi... Philosophe, nous nous faisons une raison et un brin de causette avec nos compagnons d'infortune.

Et voici à présent en primeur la recette du "public bus" au Laos. Attention, cette recette n'est pas pour les débutants:


Ingrédients:
- Un vieux bus rafistolé des années septante d'une vingtaine de places, avec des siège dont la largeur fait environ celle d'un de mes bras.
- Un mélange d'une vingtaine de locaux: femmes, enfants, vieillards, paysans, bref un beau panachage. Choisissez de préférence des individus ayant le mal du voyage (la raison sera donnée dans la section Préparation), et sentant bon les animaux de la ferme, pour ajouter du fumet.
- 6 touristes avec leurs sacs.
- Un cochon (vivant!) emballé dans un sac de jute.
- Quelques poules, vivantes également.
- De nombreux sacs de denrées alimentaires (du riz fera très bien l'affaire)
- Une route défoncée, dont 75% est encore en construction. A noter que les portions en construction doivent être constituées de terre rouge et sèche d'une épaisseur d'environ 10 centimètres.
- Une chaleur étouffante.
- Une distance de 150 Kilomètres. Cette distance devrait suffire pour assurer un voyage de 7 heures.
- De nombreux stops en cours de route.
- Quelques montées raides dans la portion de route en terre rouge. Voire préparation.

Préparation:
- Emballer le cochon dans un vieux sac de jute, en laissant dépasser le groin pour maximiser les chances de survie de l'animal jusqu'à destination.
- Accrocher le cochon ainsi emballé à l'arrière du bus (à l'exérieur), juste devant la vitre arrière afin que les touristes puissent, de temps en temps, s'assurer de la bonne santé de l'animal. Il n'est pas nécessaire de l'arrimer solidement, le cochon peut survivre aux chocs contre la vitre arrière dus aux trous dans la route.
- Placer les poules sur le toit, avec les denrées alimentaires et les sacs des touristes.
- Placer les 20 locaux + 6 touristes en même temps dans le bus à 20 places et pousser bien pour que tout le monde ait un siège. Si d'aventure il manque des sièges, faites assoir les locaux sur les mêmes sièges que les touristes.
- Prendre soin de placer un enfant local ayant le mal du voyage sur les sièges à l'arrière, à côté des touristes Cris et Phil. Voir explication plus loin.
- Commencer le trajet à une vitesse d'environ 20 kilomètres-heure, car les essieux ne supporteraient pas plus vu l'état de la route et la charge du bus.
- S'arrêter souvent pour prendre des locaux supplémentaires. Plus le bus est chargé, mieux c'est.
- Sur les portions de route non terminée en terre rouge, prendre de la vitesse. Ceci permettra une bonne pénétration de la terre rouge à l'intérieur du bus. Lorsque les passagers commenceront à être incommodés par la terre, ils fermeront les fenêtre. Ce n'est pas grave, la poussière continuera de rentrer par le bas et surtout l'arrière du bus (position des touristes Cris et Phil). Lorsque les touristes ne distingueront plus leurs voisins de gauche et droite à cause de la terre, ils commenceront à tousser et se couvriront le visage avec leurs vêtements. A ce moment, se dépêcher de retourner sur une portion de route pour évider le décès prématuré par étouffement des passagers.
- Bien sur, ne pas oublier de temps en temps de faire vomir un local, de préférence sur le passager d'à côté, ou sinon sur le siège cela va aussi. Essuyer sommairement le vomi avec un morceau de vêtement.

- Continuer le tout pendant 7 heures. Il n'y a pas besoin de surveiller, juste faire descendre les passagers pour les montées raides sur les portions de terre rouge.
-Et voilà, c'est prêt!

Après ce trajet mémorable, nous arrivons enfin à Luang Nam Tha vers 20h. Les français nous ont dit dans le bus que le trajet vers Muang Sing (notre destination finale, nous souhaiton faire un trek depuis là-bas) dure 1h30. De concert, nous décidons que nous n'en avons pas encore assez de rouler et surtout que nous ne voulons plus perdre de temps, et réquisitionnons un Tuk-Tuk (pour ceux qui ne connaissent pas, une sorte de petit voiture ouverte avec 2 rangées de places à l'arrière), pour 30 dollars pour 6 personnes (nous réaliserons plus tard que nous aurions pu la louer pour 10, mais bon), et en avant pour Muang Sing, dans la bonne humeur! Après tout, ce voyage en Tuk-Tuk semble une partie de plaisir après la recette du bus... En plus, la route semble en bien meilleur état par ici.

Nous regardons donc, émus, le paysage Laotien avec ses petits villages primitifs bordant la route. Le nord est encore très peu développé et le dépaysement est vraiment total.

Soudain, alors que nous roulons au beau milieu de nulle part, quelques toussotements du moteur, et le Tuk-Tuk s'arrête. Nous descendons pour nous dégourdir les jambes, persuadés que le chauffeur, qui ne se départit pas de son sourir et nous rassure en Laotien, va rapidement faire redémarrer la machine. Il est environ 21h30 et il fait nuit noire. Des deux côtés de la route, la forêt et des bruits peu rassurants. Quelques motos passent de temps en temps sans se préoccuper de nous. Cela doit être habituel les pannes de Tuk-Tuk. Malgré le froid (environ 15 degrés la nuit), les moustiques sont bien présents à l'appel et les piqures ne se font pas attendre. Heureusement qu'on a lu dans le guide qu'il fallait éviter de se faire piquer au Laos à cause des maladies ;-). Après quelques dizaines de minutes d'essais infructueux, le chauffer décide de sucer l'arrivée d'essence avec la bouche, ce qui à l'aire de fonctionner puisque la machine redémarre. Nous nous félicitons tous d'avoir un chauffeur aussi doué en mécanique, jusqu'à la prochain panne quelques kilomètres plus loin ou nous le traitons de tous les noms. A ce moment, on suggère au dit chauffeur d'appeler du secours ou d'arrêter les rares véhicules qui circulent à cette heure. Celui-ci s'acharne cependant à réparer la panne, redoutant sans doute qu'on ne le dépossède de ses 30 dollars.

Nous décidons donc d'arrêter les véhicules par nous même, grâce à la lampe frontale de Cris (merci les collègues d'Unicible!). Après quelques essais infructueux, 3 gros camions de nourriture s'arrêtent sur le bord de la route. Après moult palabres entre le chauffeur du Tuk-Tuk (qui refuse obstinément de nous laisser partir) et les chauffeurs des camions, nous finissons par embarquer sur ces derniers, destination Muang Sing. 2 heures plus tards, nous arrivons enfin à destination. Nous trouvons difficilement une chambre sans eau chaude dans un Guest House et devons nous contenter d'un paquet de biscuit comme tout repas, les restaurants fermant à 22h au Laos...

Rude journée! Et vive les transports publics au Laos! Mais on a bien rigolé quand même.

Premières impressions du Laos


Après une courte traversée du Mekong, nous posons pour la première fois nos pieds au Laos le lundi 22 janvier au matin, soit une semaine après notre départ. Le village qui nous accueille se nomme Huay Xay.


Après les formalités douanières, nous nous dirigeons vers la route principale (la seule route du village d'ailleurs), et nous faisons d'emblée harceler par les agences de voyage du coin qui tentent de nous vendre des trajets en bus ou en slow-boat vers l'intérieur du Laos. Nous décidons de nous donner un peu de temps pour dénicher les meilleures offres, et surtout déterminer quelle sera notre prochaine étape. On s'installe pour le petit-déjeuner sur une terrasse, et après 3/4 d'heures, on finit par être servi. Premier constat qui se confirmera systématiquement par la suite: il ne faut pas être pressé dans ce pays! Mais ce n'est pas trop grave, on a le temps. Une fois le déjeuné avalé et la promenade en ville effectuée, on décide que cet endroit ne vaut décidemment pas la peine qu'on y passe une nuit. La ville sert uniquement de tampon entre la Thailande et le Laos, et il n'y a pas grand-chose à y voir ou faire.


La seule chose qui attire notre attention est un temple bouddhiste perché dans les hauteurs de la ville. On y rencontre un jeune moine tatoué, très communicatif mais un peu speedé, qui nous suggère de faire une donnation. Il nous explique ensuite qu'à 17h ce soir, il peut nous dispenser ses enseignements (gratuitement!). Cela nous parait tentant, mais après quelques minutes d'un dialogue de sourds pour obtenir plus de précisions, on décide que si on n'arrive pas à se comprendre sur des détails logistiques, les enseignements bouddhistes rateront aussi surement leur cible. Et nous voici avec le second constat sur le Laos: ne pas espérer pouvoir communiquer avec les gens. Personne ne parle anglais! Ceci nous posera souvent problème par la suite.

Finalement, nous décidons de nous dépécher de poursuivre notre route et nous renseignons sur les horaires des bus. Dernier départ: 8h30, et il est 11h. L'hésitation du matin nous a été fatale! Nous voici condamnés à passer une nuit à Huay Xay. Et allons y pour le 3ème constat: les transports au Laos, c'est tout sauf rapide. Mais vous en saurez plus sur le sujet dans le prochain Post.

Sunday, January 21, 2007

La route du nord

Départ pour Chiang Mai samedi 20 janvier, à bord d'un vieux 747. Difficile de se plaindre vu le prix du billet, 50.-. Tout bien pesé, c'est presque la mise-à-jour du blog dans les cyber-cafés qui va s'avérer le plus gros budget en Thailande! D'ailleurs à ce propos, désolé pour le manque de photos mais on a pas encore déniché d'accès Internet avec une vitesse en upload décente.. Mais revenons à notre sujet:

Arrivée à Chiang Mai vers 21h. Première difficulté, trouver un taxi pour se rendre en ville. Pas facile de caser tous les passagers d'un 747 dans quelques taxis. Le peu disponible préfère rester en ville plutôt que de revenir à vide jusqu'à l'aéroport. Bref, arrivée vers 22h à Chiang Mai. Nous retrouvons rapidement nos repaires et savons pour l'avoir pratiquée il y a 3 ans quelle est la zone des Guest Houses.

Après une trentaine d'essais infructueux, on doit se rendre à l'évidence: c'est bel et bien la pleine saison! Les tongs commencent à faire mal entre les doigts de pieds sous notre poids conjugué à celui du sac. Par contre, on a un bel aperçu de Chiang Mai by night.

Finalement, à quelques minutes de chercher un terrain vague pour y accrocher notre hamac à deux branches d'arbres, on finit par trouver une chambre. Avec la télé en plus que demande le peuple..

Après ce voyage mouvementé et ces émotions, rien de tel qu'une bonne bière Chang au troquet du coin. On l'avait méritée celle-là...


Le lendemain, nous nous rendons à la station de bus pour poursuivre notre route en direction du Laos. On déniche un bus 2ème classe qui se rend directement à Chiang Kong, ville frontière jouxtant le Mekong et permettant la traversée d'un poste frontière à l'autre. Le bus semble correct de premier abord, on se félicite même d'avoir choisi les places arrières qui laissent suffisamment de place pour les sacs et les jambes par dessus. Après quelques mètres, on doit déchanter. Les amortisseurs ne semblent pas être de première fraicheur et on est secoué non seulement à la verticale, mais également latéralement, ce qui est beaucoup plus gênant pour dormir durant les quelque 6 heures de route ;-). Je choisis de rester éveillé, au grand réconfort de mon voisin de droite qui ne servira pas de coussin amortisseur à chaque virage.

Arrivée dans la soirée de dimanche à Chiang Kong. On se fait alpaguer à la descente du bus par une Thai qui nous propose de nous amener en Tuk-Tuk dans sa Guest House. Après la fatigue du voyage, on décide contre notre habitude de se laisser faire, préparant néanmoins une possible esquive à la découverte de la chambre proposée. Finalement, il s'avère que la Guest House en question est un ensemble de bungalows donnant directement sur le Mékong! Télévision par cable et douche chaude viennent compléter le tableau, même si on n'en demandait pas temps! (Quoique la douche chaude, par les 18 degrés ambiants (la nuit), est plus que bienvenue!)

Et nous voilà, après un délicieux repas de sticky rice au chilli avec du poulet, dans la Guest House d'à côté (qui possède un accès Internet haut débit (mais ou vont-il chercher le réseau dans ce coin paumé?)) pour vous écrire ce post.

Les prochains jours/semaines risquent d'être plus calme au niveau du blog puisqu'on ne s'attend pas à beaucoup d'accès Internet au Laos! Mais qui sait..

Friday, January 19, 2007

Arrivée à Bangkok!



Et nous voici enfin au premier "vrai" post. Arrivée mardi 16 vers 23h après plus de 30 heures de voyage, décalage horaire déduit. Il est vrai que Genève-Londres-Singapour-Bangkok n'est pas tout-à-fait la ligne droite de A à B! Enfin contre toute attente après les déboires de Alitalia (voir Posts précédents), le vol s'est très bien passé. On ne peut que recommander Singapour Airline pour leur gentillesse et la modernité de leurs avions. On a même hésité à dormir vu la quantité de films récents à la demande proposés! L'inquiétude concernant le sac de Kite-Surf s'est également dissipée, il n'y a pas eu de supplément à payer malgré la taille imposante du sac en question..

Arrivée à Bangkok et premier stress pour trouver la Guest House. Premiers remords également concernant le fameux sac de Kite-Surf, on se rend finalement compte que cela ne sera pas une mince affaire de promener le bébé d'une Guest House à l'autre ;-). Mais si on veut voir le bon côté des choses, c'est aussi un bon moyen d'attirer l'attention (oh, what a big bag!).


Arrivée à la Guest House, la chambre est au 5ème. Dois-je préciser qu'il n'y a pas d'ascenceur dans les Guest House? Pas besoin de vous faire un dessin pour le sac de Kite-Surf.


La chambre est.. je cherche le bon mot.. rudimentaire! Il est vrai que dans notre souhait de se la jouer "Backpack", on a pris d'entrée le parti de miser sur les prix les plus bas. Cela fait aussi partie du charme du voyage. Petit soucis quand-même avec le lit qui est dur comme de la pierre. Heureusement que l'on avait lu sur internet qu'il ne fallait pas se jeter dessus en arrivant! (Et pourtant ce n'est pas l'envie qui manque après 30 heures de voyages...)

Le Bangkok que l'on avait connu il y a 3 ans n'a pas beaucoup changé. Au réveil, direction Kao San Road, l'ancienne rue des Backpackers. Toujours la même effervescence, le même joyeux chaos.


Le but premier est d'organiser notre voyage vers le Laos/Cambodge. On se fait d'entrée aborder par une Thailandais d'une quarantaine d'année qui nous pose les questions d'usage: Bonjour, d'ou venez vous? Est-ce votre premier séjour en Thailande? Pour combien de temps restez-vous? En touristes habitués aux arnaques en tous genres, on répond poliment tout en redoutant le coup fourré. Une fois de plus, on a oublié qu'en Thailande, on n'aborde pas nécessairement les touriste pour leur soutirer de l'argent. Notre homme nous donne pleins de conseils, nous accompagne pour aller manger dans une rue adjacente, mange avec nous, prend même à manger pour lui (et paye lui-même avant même qu'on ne lui propose de payer son repas, nous sentant vaguement gêné pour l'intérêt soundait qu'on nous portait). Il nous raconte sa vie, qu'il est professeur dans une école à Chang Mai et qu'il descend de temps en temps à Bangkok. Après le repas, n'étant toujours pas convaincu que la finalité de la démarche n'était pas une quelconque arnaque, nous décidons de nous séparer poliment. Et là, surprise, aucune demande particulière! Un grand coup de pied dans notre méfiance de touriste! Et bienvenue en thailande.

Après quelques tractations dans diverses agences, on décide de choisir la sécurité en nous rendant dans une agence recommandée par notre guide. On obtiendra notre Visa pour le Laos ainsi qu'un billet d'avions pour Chang Mai (50.- le billet, on peut faire pire). Malheureusement, pleine saison oblige, on devra patienter à Bangkok jusqu'à samedi 20. Pas grave, on s'ennuie rarement dans cette ville, même si ce n'est pas toujours le côté positif de la Thailande qui est à l'honneur.

Après 2 nuits dans notre Guest House, le lit a raison de notre dos. On décide de se laisser un peu de temps pour devenir de vrais "Backpackers", et on embarque tout notre barda direction le "Rambuttri Village Inn", une des rares Guest Hous avec piscine! On n'abuse quand-même pas du confort en choisissant le ventilateur à la place de l'air conditionné. Le prix a quand-même fait "fois 2" en comparaison de notre ancienne Guest House.

Les jours s'égrennent rapidement, entre piscine, visites, shopping et soirées à arpenter les ruelles de Kao San en mangeant du "sticky rice" avec de la mangue (notre dessert favori).




Demain, on prend l'avion pour Chang Mai, puis c'est direction le triangle d'or pour rejoindre le Laos. Le changement de décor va être complet mais après 5 jours dans la pollution de Bangkok, on ne demande que ca!

Wednesday, January 10, 2007

Jour J - 5



Le jour du départ aproche rapidement, et la frénésie des préparatifs bat son plein.

Les problèmes, quant à eux, n'ont pas attendu le départ. Parmi les plus marquants on peut citer

- Fraude à la carte de crédit: des petits plaisantins ont effectué quelques subtiles transactions sur notre carte VISA, pensant sans doute que notre budget voyage était surestimé. Une fois découvert, ce problème s'est résolu rapidement grâce à la dilligence du service client UBS. On emmenera en voyage une carte VISA toute fraîche avec un nouveau numéro!

- Bagage perdu. Retour de Roumanie dimanche passé. Le vol s'est bien déroulé pour moi mais moins bien pour ma valise. Elle est perdue, apparemment dans un autre continuum espace-temps puisqu'il semble impossible de retrouver sa trace. C'est assez problématique puisque cette valise contient une bonne partie des affaire de voyage! On citera en particulier l'appareil photo :-(. Je ne parle même pas des diverses spécialités culinaires roumaines, qui doivent commencer à trouver le temps long. Qui sait, peut-être que les odeurs de putréfaction auront bientôt raison du je-m'en-foutisme du personnel Alitalia! Morale de l'histoire: éviter à l'avenir de voyager avec Alitalia, ce n'est pas la première fois qu'ils nous font des misères...

Dans le prochain post, je ferai l'inventaire des affaires de voyage que l'on emporte, avec photos à l'appui. !(Si bien sur Alitalia daigne me restituer mon bagage entre temps puisque je rappele que l'appareil photo est dedans).