Tuesday, May 22, 2007

Les iles Cook: suprise et coup de coeur


Après nos aventures en Nouvelle Calédonie, nous nous réjouissons de poursuivre notre voyage dans les iles du pacifique, qui devraient être l'occasion de nous accorder un peu de repos et de farniente.

Nous avions prévu de passer une semaine sur Rarotonga (ile principale de l'archipel des iles Cook), non pas par intérêt particulier pour l'endroit, mais plutôt parce que c'était sur notre chemin et que cela n'ajoutait rien au prix du billet d'avion. A vrai dire, on avait même un préjugé négatif sur Rarotonga, tant les échos que l'on avait pu entendre de part et d'autre étaient négatifs. Les critiques concernaient le fait que l'ile serait trop touristique et qu'elle n'aurait pas de charme. Nous avons même pendant un moment hésité à supprimer l'escale Cook pour nous permettre de rester une semaine supplémentaire en Nouvelle Calédonie et parfaire notre technique de Kitesurf. Mais l'envie de découvrir un endroit nouveau l'emporta finalement... et heureusement!

Pour vous situer l'archipel, les iles Cook sont un ensemble d'iles à la pointe Sud-Ouest du "triangle" des iles polynésiennes. Rarotonga est l'ile principale, la plus développée, et l'unique que nous aurons l'occasion de visiter pendant la courte semaine qui nous est impartie. L'ile est indépendante mais rattachée à la Nouvelle Zélande pour la sécurité, la politique extérieure, la monnaie et autres.


Comme souvent lorsque les attentes sont peu élevées, nous sommes dès notre arrivée agréablement surpris par l'ile, et l'ambiance qui s'en dégage. La végétation tout d'abord, luxuriante et variée, avec énormément d'arbres fruitiers (au chapitre nature terrestre et paysage ce sera même le plus beau que nous rencontrerons dans toutes les iles du pacifique que nous visiterons!). L'humour anglo-saxon des locaux (d'origine polynésienne mais parlant anglais à cause de l'influence de la Nouvelle Zélande), l'absence apparente de la notion de propriété privée (pas de barrière autour des maisons, pas d'iles ou motu privés, autant de choses qui nous dérangeront beaucoup par la suite en polynésie française).
Le lagon de la côte est, le Muri Lagoon, ou nous sommes restés pendant toute la semaine, n'a franchement rien à envier aux plus beaux lagons de Bora Bora (et nous parlons en connaissance de cause, voir les prochains posts). Le coût de la vie est, ce qui ne gâche rien, nettement plus abordable qu'en Nouvelle Calédonie ou en Polynésie Française.

Nous passons donc une magnifique semaine, alternant les chambres sur la colline avec vue plongeante sur le lagon et les bungalows en bord de plage. Kayak, snorkelling et natation sont au menu quasi-quotidiennement. La seule aventure qui viendra troubler (de maniere positive) la tranquillité de la semaine est une traversée de l'ile à pieds sans guide: 4 heures de trek mouvementé en pleine forêt à travers les montagnes et les rivières sur des 'sentiers' boueux. (On apprend d'ailleurs d'une locale que le jour précédent, la police avait du venir chercher un touriste qui s'était perdu).





En conclusion, l'ile ne nous a laissé que des bons souvenirs, même si au niveau découverte on n'a pas vécu beaucoup de choses, on s'est bien ressourcés et les batteries sont à nouveau au maximum pour la suite du voyage. En fait, on a tellement aimé que l'on a repoussé notre vol de départ vers Tahiti de 3 jours pour prolonger notre séjour sur Rarotonga, c'est dire...

Si quelqu'un vous déconseille d'aller sur les iles Cook, ne l'écoutez pas!

Friday, May 18, 2007

Nouvelle Calédonie: la fierté des kanaks

Arrivée le 4 avril en Nouvelle Calédonie, première destination de la région des iles du pacifique, dans lesquelles nous allons passer au total 5 semaines. A peine arrivés, le ton est donné: au revoir l'organisation et l'efficacité australiennes, ici, on se la joue nettement plus cool. Le premier contact se fait dans un joyeux chaos: sac de kitesurf perdu, déclaration de perte fastidieuse, guichet de retrait d'argent fermé prématurément par manque de clients, ATM en panne, réouverture des guichets de retrait spécialement pour nous, et enfin, redirection vers un autre arrêt de bus, car selon les propres dires de l'employée, "le chauffeur oublie parfois de s'arrêter à l'aéroport". Nous prenons ces petits tracas avec bonne humeur, car l'inefficacité est compensée par une désarmante gentillesse.

En attendant le bus, on patiente en observant les locaux, de l'ethnie kanak, qui nous saluent systématiquement avec un large sourire. On s'amuse en passant du contraste entre le physique très typé "tribu mélanésienne" et l'impeccable français matiné d'accent du midi!

Nous résidons dans un premier temps dans un hotel situé à la capitale Nouméa, le long d'une des 2 baies de la ville, la Baie des Citrons. Hormis l'océan pacifique, rendu docile par l'énorme barrière de corail qui ceinture l'ile (la plus grande du monde parait-il), le décor est très semblable à celui d'une petite ville de France. Clairement, la capitale n'est pas le meilleur endroit pour qui cherche le dépaysement ou l'exotisme des iles du pacifique. Ceci dit, nous trouvons au fil du temps beaucoup de charme à Nouméa, qui est un bon mélange entre modernisme et douceur de vivre, ce qui fait que l'on s'y sent rapidement à l'aise.

Une constation d'un autre ordre s'impose également rapidement aux obsédés du kitesurf que nous sommes: un fort vent souffle en permanence, jour et nuit. Renseignements pris, il s'avère que Nouméa est un haut-lieu du kite, avec d'excellentes conditions tout au long de l'année! Vu la très faible fréquentation touristique de l'ile, les spots ne sont pas très connus à l'étranger, d'où notre surprise. Pour ceux qui prennent le train en marche, il faut rappeler que nous nous promenons autour du monde avec notre équipement de kitesurf, et que jusqu'à ce jour, celui-ci n'a pas quitté son sac. Et maintenant que le vent est enfin au rendez-vous, le dit sac s'est perdu en chemin (voir plus haut). Sans commentaire...


Nous décidons de remplacer notre dépit sportif par des activités plus culturelles: direction l'agence de location de voitures et en route pour un tour de l'ile avec en point d'orgue un très attendu séjour traditionnel en tribu kanak. L'ile fait environ 200 kilomètres de long et 100 de large, et il faut donc compter quelques jours de route pour en faire le tour. Dès la sortie de Nouméa, on rentre en contact avec le côté sauvage de l'ile. Les paysages sont saisissants, et surtout très différents de ce que l'on a pu rencontrer jusque là. Les plaines, les collines et la terre rouge de la côte ouest (genre paysages du pays hobbit du Seigneur des Anneaux), contrastent avec les falaises abruptes de la côte est, recouvertes d'une dense forêt vierge et qui se prolongent jusqu'à la mer. Seule la route impeccable et quelques villages nous rappellent la présence de l'homme. Au niveau beauté de la nature, on est un cran au dessus de la côte est australienne. Seule déception, on ne rencontre que très peu d'animaux.

On est donc remontés le long de la côte ouest, passant quelques petits villages sortis d'un autre temps: Bourrail, La Foa et Koné, ou on a passé la nuit. Le lendemain, programme plutôt sportif: une petite marche d'une heure et demie pour gravir une montagne du sommet de laquelle on peut apercevoir le fameux Coeur de Voh. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit de la photo de couverture du livre La Terre Vue du Ciel. Si vous ne le voyez pas sur la photos, rassurez vous, nous aussi, on a eu beaucoup de peine a départager la demi douzaine de coeurs que l'on croyait discerner dans le paysage. En une autre saison et en ULM, cela aurait sans doute été plus spectaculaire.
Ensuite, traversée de l'île par la transversale à partir de Koné (paysages encore plus magnifiques que jusqu'à là), pour rejoindre la côte est, qu'on remonte jusqu'à Hienghène, point de départ pour les séjours en tribu kanak.


On nous avait tellement vantés ces séjours en tribu, que nous ne pouvions pas ne pas nous aussi tenter l'expérience. Nous nous rendons donc dans le centre d'information, pour que l'on nous explique la marche à suivre. Un petit coup de fil, et nous voilà "invités" à séjourner dans la tribu de Tiendanite. Comme on s'est un peu documentés, on sait déjà qu'il est d'usage d'amener un cadeau au chef de tribu pour être accepté de cette dernière. Afin d'éviter tout bavure, on demande au centre d'information de quoi exactement devrait être constitué ce fameux cadeau. Réponse du tac-au-tac de l'employée: "un paréo, un billet de 500 FCP (7 CHF) et un paquet de cigarettes optionnel". Et nous voilà partis direction l'échoppe du coin pour se procurer les précieux colifichets requis. On s'amuse un peu de ces coutumes dignes d'un album de tintin, mais on joue le jeu de bon coeur, persuadés que l'on est de passer un séjour inoubliable parmi les indigènes, avec, qui sait, des danses tribales et autres sacrifices rituels à la clé.

Comme vous l'avez peut-être déjà deviné à notre ton quelque peu ironique, on va rapidement déchanter... Au lieu des cases traditionelles attendues (petite hutte faite en paille, ronde, avec un toit pointu et ayant une seule piece), le village Tiendanite a plus des airs de vieux camping délabré. En arrivant en voiture sous une pluie battante, on parque au milieu du village, et on tente pendant une bonne demi-heure de localiser le contact qui doit nous introduire par la suite au chef de tribu. Une fois la maison du contact localisée, celui-ci semble franchement surpris de nous voir et nous peinons à lui expliquer que nous sommes envoyés par le centre d'information. Finalement, il nous fait entrer, visiblement à contre-coeur et en nous faisant savoir qu'il ne nous attendait pas mais que cela devrait pouvoir s'arranger. On s'assoit en face de lui à table, on se regarde un moment en chiens de fayence, puis il entame un couplet sur ses ancêtres, le fait que non seulement lui mais aussi ceux-ci doivent nous accepter au village, etc.. Comme on entend à plusieurs reprises au fil du discours l'expression "le geste", on fini par percuter et à réaliser que "le geste" signifie en langage diplomatique "le cadeau". Le contact, et par voie de conséquence ses ancêtres également, est visiblement vexé de ne pas encore avoir reçu le dit cadeau. Alors que nous subissons des critiques comme quoi les français comme nous ont ruiné le peuple Kanak et tutti quantti, nous nous offusquons et au risque de notre vie rétorquons que 1) on n'est pas français, mais suisses, donc on n'est pour rien dans la colonisation, 2) on pensait devoir donner le cadeau au chef de tribu et non au contact, et que par conséquent nous avons laissé le cadeau dans le coffre de la voiture en attendant. Pour prouver notre bonne foi et tenter de sauver l'affaire, Phil se lève et s'empresse d'aller récupérer le présent pour l'offrir au contact (en fait le contact est devenu chef de tribu il y a peu, mais ça, il fallait être fort pour le deviner!). Malgré le cadeau et nos explications, le contact-chef continue à nous sermoner, puis nous relache finalement en nous indiquant où se trouve notre cabane pour passer la nuit. En ce qui concerne la découverte du mode de vie dans les tribus, notre expérience s'arrêtera au rituel du cadeau, puisqu'à part les murs de notre cabanon, nous ne verrons plus grand-chose de plus du village Tiendanite ou de ses habitants.

Heureusement, et ce sera la seule note positive de notre séjour en tribu, nous rencontrons 4 compagnons d'infortune, arrivés un peu plus tard et gratifiés du même accueil. Il s'agit d'un groupe d'enseignants français qui ont choisi de venir travailler pendant 4 ans en Nouvelle Calédonie. Ils nous expliquent les relations compliqués entre Kanaks, "expats" (français expatriés temporairement), et broussards (français présents depuis plusieurs générations). Ils se plaignent du rejet à la fois des Kanaks qui leur reprochent la colonisation, et des broussards qui leur reprochent de "chasser la prime", fait allusion à la prime d'expatriement qu'ils touchent. On découvre à leur contact beaucoup d'aspects de l'ile que nous ne percevons pas forcément en tant que touristes. Ca vaut donc bien la peine de séjourner en tribu, ça vous permt de rencontrer d'autres occidentaux qui vous expliqueront la culture locale ;-). Le plus cocasse dans cette histoire est que l'on apprend des français que la tribu Tiendanite est célèbre pour être celle du chef "Tjibaou", célèbre révolutionnaire local qui a lutté pour les Kanaks dans le monde entier.

Après la petite déception du séjour en tribu, et 2 jours de repos à Nouméa, nous enchainons sur la visite d'un haut-lieu touristique de Nouvelle Calédonie: l'Ile des Pins. Elle est présentée comme une ile paradisiaque, bordée de sable blanc et d'eau turquoise, dont la particularité est d'être recouverte de pins (d'où le nom vous nous direz), ce qui crée un paysage tout-à-fait improbable. La réalité de l'ile que nous découvrons est bien fidèle à la publicité, et on passe quelques jours hors du temps à se balader sur les plages, se promener à vélo, à faire du snorkeling dans la "piscine naturelle" (voir photos), silloner les baies en pirogue traditionelle en compagnie des raies manta. Il y a très peu de touristes sur l'ile, ce qui contribue grandement au plaisir du séjour. Pour la petite histoire, les arbres préhistoriques uniques de l'ile ont tellement marqués Spielberg lors de son passage en tant que touriste, qu'il a amené son équipe de tournage pour filmer certaines séquences du premier Jurassic Park.





De retour à Nouméa et ayant récupéré entre temps notre matériel de Kitesurf, nous terminons notre séjour en Nouvelle Calédonie par 2 magnifiques journées de kite, sur un ilot (l'Ilot Maitre, juste en face de Noumea), qui nous permettent de constater avec bonheur que notre matos est complet et fonctionnel, et surtout qu'il sert à autre chose qu'à nous encombrer!

En conclusion, on peut dire que la Nouvelle Calédonie a dépassé nos attentes sur bien des aspects, et que nous visiterons une autre tribu la prochaine fois!